Publié le Laisser un commentaire

Ivan Denys & Pierre Brunet / Lycéen résistant & Histoire de Daniel V. / Editions Signes et balises

Dimanche 22 septembre à 17h, rencontre avec Ivan Denys pour Lycéen résistant et Pierre Brunet pour Histoire de Daniel V.

Au menu de la rencontre : présentation, lectures d’extraits par les auteurs,
signature et apéro en musique avec Fantazio.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Ivan Denys : Lycéen résistant

Le 11 Novembre 1940, le maréchal Pétain, qui a capitulé devant Hitler,
interdit la célébration de l’armistice de la Grande Guerre : Ivan Denys,
élève de 3e du lycée Janson de Sailly à Paris, défie l’interdiction et va
manifester à l’Étoile parmi quelque 3000 jeunes gens. Il n’a pas quatorze
ans. Dès lors, il participe activement à la Résistance, de façon de plus en
plus organisée, y compris par la lutte armée, jusqu’à la Libération de Paris
en août 1944.

Un témoignage exceptionnel d’Ivan Denys, né en 1926, médaille de la
Résistance : le récit d’années marquées par des combats parfois mortels,
mais aussi des amitiés indéfectibles, pour des jeunes gens passés en
quelques mois de l’adolescence à l’âge adulte dans le Paris occupé.

Extrait: “Et voilà qu’aujourd’hui, une rumeur se répand dans la classe,
court à travers le lycée pendant la récréation de dix heures. C’est le 11
Novembre, le lycée est ouvert et nous avons cours ?! Or chaque année, le
11 Novembre est férié, on rend hommage aux anciens combattants de la Grande
Guerre, ceux qui sont morts pour la France, ceux qui ont vaincu l’Allemagne
! Et cette année, le gouvernement de Pétain a décidé de l’ignorer, d’en
faire un jour ordinaire !”
Pierre Brunet : Histoire de Daniel V.

Algérie – juin 1962
Les souvenirs de ce printemps à la fois chaotique et violent refluent à la
mémoire du narrateur. Qui était Daniel V., engagé volontaire dans l’armée
française, ce jeune homme avec qui il n’a pas eu le temps de nouer amitié ?

Au fil des années, les traces des événements se sont mêlées et diluées.
Plus de quarante ans après, quelle part ont la mémoire et l’imagination – se
confondant parfois, jusqu’au bord de la folie ?

Extrait : “Essayant comme je le fais ici de reconstituer ce que pouvait être la vie
que Daniel V. menait à Rio Salado pendant ces journées de mai et de juin
1962, je sais que je trahis ma mémoire, que je ne rends pas compte de la
façon vraie dont cette vie m’est apparue alors, dont je l’ai un peu
partagée. Nous n’avions pratiquement plus de contact avec la hiérarchie
militaire ; les informations qui nous parvenaient par la radio étaient
confuses, contradictoires, nous avions fini par ne plus les écouter. Les
rumeurs qui circulaient parmi les hommes ne répercutaient, en les amplifiant
souvent, que les désordres de l’OAS ; je me souviens qu’un jour le bruit
s’est répandu d’un gigantesque incendie à Oran, qui avait détruit de fond en
comble la bibliothèque municipale : c’est la seule occasion, je crois, où
j’aie vu Daniel V. manifester quelque émotion ; j’avais évoqué, avec un zèle
humaniste bien mal venu, des exemples classiques de vandalisme, Érostrate ou
la bibliothèque d’Alexandrie, je ne sais plus, il me fit taire avec
irritation. Mais, le plus souvent, il ne se départait pas d’un calme qui
m’impressionnait, et qu’il finit par me communiquer.
J’oubliais peu à peu cette tension, cette urgence confuse, ce grand désordre
de tous côtés, je me laissais gagner par la sérénité vide qui émanait de
Daniel V. Je passais de longues heures vacantes à contempler l’horizon des
collines surchauffées fumant sous le soleil d’un été précoce. Les ruines
trop blanches d’un aqueduc romain barraient la vallée d’un oued depuis
longtemps tari, mon regard aimait à s’y poser. Déjà, alors, peut-être, je
pensais à ces autres soldats, à ces autres colons, qui il y a des siècles
étaient venus, imposant leur ordre fragile, irriguant ces terres arides, et
puis étaient repartis, et leurs traces s’étaient effacées, les pierres
n’avaient pas retenu l’eau, les corps suppliciés étaient retournés à la
terre. La nuit, j’avais insisté pour prendre moi aussi mon tour de garde,
sur le petit mirador qui dominait le poste, nous n’étions pas si nombreux et
Daniel V. avait fini par accepter, je cherchais des yeux les ruines de
l’aqueduc qui brillait sous la lune, plus glorieux encore que le jour ; le
rythme altier de ses sept arches suspendues dans les ténèbres apaisait les
battements de mon coeur ; je ne sursautais plus au cri des chacals.”

Laisser un commentaire