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Vincent Colonna / L’Art des séries télé, 2 : l’adieu à la morale / Éditions Payot / Rencontre

Mercredi 25 mars à 18h30, rencontre avec Vincent Colonna animée par Benjamin Simmenauer  à l’occasion de la publication de L’Art des séries télé, 2 : l’adieu à la morale aux éditions Payot.

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Un gentil prof de chimie qui fonde un empire de la drogue, un assassin qui devient pape, une reine qui couche pour retrouver son royaume, une avocate bon chic bon genre qui tue son frère. Les séries télé qui marquent durablement leur époque ne sont pas for-cément celles dont le sujet est le plus consensuel : Les Borgias, Breaking Bad, Les Revenant, Ainsi soient-ils, Ma-fiosa, Game of Thrones, pour ne citer qu’elles, manifestent leurs ambitions artistiques et assument en pro-fondeur un goût du mal inédit dans le divertissement populaire, tel qu’on le connaissait depuis l’Antiquité.
A quoi est dû cette explosion de héros négatifs, qui n’est propre qu’à l’Occident ? qui s’oppose aux héros positifs consommés par les 75% restant de la planète ? C’est l’une des questions, parmi beaucoup d’autres, abordée par cet essai qui utilise la série télé comme fil d’Ariane pour explorer le labyrinthe de la civilisation occidentale.

Par ailleurs, au programme de ce livre :
– la reconnaissance artistique dont bénéficient les séries d’auteur, qui donne à penser que le cloisonne-ment entre la culture haute et la culture basse est en train de s’achever ; et qu’un certain nombres d’inter-dits posés au début du XX° siècle par les avant-gardes artistiques (tabou de la narration, du héros, du feuilletonnant, etc.) perdent de leur force d’incitation.
– l’examen du modèle classique qui sous-tend les séries grand public, et que les séries d’auteur cherchent à dynamiter ; en lutant contre les contraintes du média télévisuel, qui suppose le primat du son et non de l’image. Ce face à face conflictuel suppose d’opérer une généalogie des formes narratives qui existent depuis la Révolution Française : le mélo-drame et la “pièce bien faite”. Où l’on découvre que les structures narratives obéissent à un “principe de rareté”, qui rend leur modification plus rare que le changement de médias
– les forces culturelles qui sont associées aux personnages, et qui expliquent l’énergie émotionnelle que produit toute histoire, sa capacité de transformation de l’imaginaire collectif. Où l’on prendra conscience que tout protagoniste véhicule des forces sensibles collectives, de sorte que tout récit fonctionne comme un “moment passé en présence de dieux et de héros”.

Vincent Colonna est sémiologue, consultant et romancier. Après un premier volume consacré aux sé-ries classiques (Docteur House, Section de Recherches, etc.), il continue d’éclairer, avec ce tome 2 de L’Art des séries télé, quelques unes des grandes tendances de l’évolution de la culture.

 

 

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