Mercredi 9 septembre à partir de 18h30, lancements de Éperdus de L.L. de Mars publié aux éditions Bicéphale et de Blackface Babylone de Thomas Gosselin publié aux éditions Atrabile.
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Éperdus de L.L. de Mars, éditions Bicéphale
Les corps empêtrés dans l’air gluant, la nuit, les toiles d’araignées et autres métaphores incarnées, l’équipage du vaisseau scientifique Neume veut échapper au Fléau qui ravage la Terre et disloque l’Humanité…
Éperdus est un récit de science-fiction, un vrai. Et donc, avant tout, un mouvement de fuite.
Trajectoire aventureuse du vaisseau Neume se dérobant à la catastrophe ; contorsions des organismes explorant l’intérieur de la carcasse de métal ; grilles, barreaux, coursives et visages virant floconneux ou liquides ; mais aussi — fuites autrement plus décisives —, traversée du dessin en direction de sa ruine prolifique et traversée du langage vers une zone de confusion critique.
Voyage du lecteur, enfin, en ce livre immense sinon sans bornes, dont les 40 pages au crayon ont été dessinées à l’aveugle, dans l’obscurité et le silence, comme on se recueille ou prépare un mauvais coup : hors-cadre.
L.L. de Mars réalise avec Éperdus son album le plus inachevable, nouvelle étape ouverte de cette traversée de l’excès, cérébrale et jouissive, abstraite et branleuse, lumineuse et grotesque, que l’auteur nous relate, de livre en livre, sans jamais faiblir.
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Blackface Babylone de Thomas Gosselin, éditions Atrabile
Au départ, un groupe de « blackface » composé d’une dizaine de comédiens. Quand le dénommé Hip ne semble plus capable de monter sur scène à cause d’une légère addiction à l’opium, nos valeureux artistes – qui malgré leur goût prononcé pour la caricature raciale savent soliloquer et philosopher avec talent – engagent comme remplaçant un certain Hop, un « vrai » noir. Mais cette nouvelle arrivée, qui n’est pas sans provoquer de légitimes questions (comme « Devra-t-il quand même se maquiller ?»), permettra-t-elle de leur éviter le courroux des dieux uniques perchés dans les cieux ? Car l’existence même des artistes semble tenir à ce commandement divin : pour pouvoir continuer à exercer leur art, il leur faudra être plus de 9, mais moins de 10. Puis l’emprise du vaudou, par l’entremise de Hop, va transfigurer de manières différentes chaque membre de la troupe, juste avant que ceux-ci, comme les dix petits nègres de la comptine, ne se mettent à disparaître, les uns après les autres.
Si on rajoute encore que tout le livre est parcouru de questionnements touchant aussi bien aux mathématiques qu’à la philosophie, qu’il regorge de logiques aux développements aussi rigoureux que tortueux, on devinera alors aisément qu’une oeuvre de cet acabit ne peut venir que de l’esprit foisonnant de Thomas Gosselin, qui signe ici sans doute son livre le plus complexe.