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Dégagisme du manifeste et réédition du Manifeste du dégagisme / Editions Maelström

Dimanche 21 mai à 17h, venez  fêter la réédition du Manifeste du dégagisme et l’édition du Dégagisme du manifeste

Le dégagisme, c’est quoi ? C’est, par-delà le concept circulaire de ré-volution, la possibilité tranchante (= théorique + pratique + concrète) d’opérer un changement de régime politique sans préjuger de ce par quoi il faut le remplacer. Son usage récent et intempestif par Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de sa campagne présidentielle tombe à pic : est démontrée l’urgence de la sortie du Dégagisme du manifeste, l’approfondissement renversant du Manifeste du dégagisme.

manifeste

Le « dégagisme » comme théorie et pratique politique nouvelle a émergé après le « dégagement » de Ben Ali par le peuple tunisien le 14 janvier 2011. A Bruxelles, le Collectif manifestement a inventé la notion et en a rédigé et publié le manifeste. La nature du dégagisme rejoignait l’idée que ce Collectif se faisait de la manifestation, lui qui venait tout juste de théoriser la « protodémocratie », à l’occasion de la manifestation « Tous unis contre la Démocratie ! », la même année. Ainsi naquit le Manifeste du dégagisme, publié aux éditions Maelström en 2011.

Il s’agit d’y penser, par-delà le concept de révolution, la possibilité théorique, pratique et concrète d’opérer un changement de régime politique sans préjuger de ce par quoi il faut le remplacer. Selon le Collectif, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il devenait possible de libérer les durées et les espaces de l’exercice du pouvoir sans nécessairement savoir ce par quoi il devait être remplacé, ni suivant quel programme ce changement devait s’opérer ; au contraire, le vide laissé par le potentat dégagé apparaît comme l’occasion, unique et singulière, de repenser les structures du pouvoir, de l’organisation politique et des attentes populaires mobilisées. Le fond du dégagisme, fondamentalement, tient dans l’idée qu’à la nécrose de l’Histoire du pouvoir peut se substituer, enfin, la possibilité sans cesse répétée d’éjecter celui qui occupe le siège dudit pouvoir. Or, défendant cette idée, les « dégagistes » fixait et dominait un point de vue indégageable, trop manifeste pour être dégagiste. Le Collectif ne pouvait, alors, que dégager son propre manifeste, au profit d’un vide théorique à nouveau porteur de potentiels politiques. C’est là le geste du Dégagisme du Manifeste, livre en construction depuis 2012. Or, à l’instant même où finissait ce processus, et où allait aboutir la publication de ce second livre, l’actualité fît émerger à nouveau, et avec fulgurance, le concept de dégagisme, sous l’impulsion de Jean-Luc Mélenchon. A l’occasion de sa campagne présidentielle en 2017, il se fait le parangon d’un dégagisme français, et promeut celui-ci comme une vague politique et révolutionnaire internationale, équivalente à un réveil des peuples. Le PS français, tout comme les autres représentants traditionnels du pouvoir en France, seraient les « victimes » d’un élan dégagiste, dont JLM s’estime, à travers sa candidature, un légitime représentant. Cette nouvelle émergence multiplie les interprétations, les contresens fâcheux, les incompréhensions et les craintes quant à la puissance de ce concept hybride. C’est dans ce contexte que paraît le Dégagisme du manifeste, poursuite, complexification et enrichissement des potentiels du dégagisme, de son urgence politique, de sa puissance projectile, de ses risques comme de ses enjeux les plus intenses. A l’heure d’une transformation profonde des orientations politiques, et dans la multiplicité des insurrections, émeutes, tournants politiques et multiples répressions dont la deuxième décennie du XXIe siècle est le théâtre, le dégagisme thématisé par le Collectif manifestement est un appel à l’oxygénation politique, à l’émancipation joyeuse et enthousiaste des dominés et des dominants, et au soupçon salutaire à porter à l’endroit de toute appropriation du pouvoir, y compris quand il serait le fait d’un mouvement de gauche, ou d’insoumis.

Le Collectif MANIFESTEMENT

Le Collectif manifestement a été fondé en 2005 à Bruxelles pour y réaliser, une fois par an, une manifestation sur un thème inattendu, toujours clivant, courageux et jubilatoire, souvent visionnaire et radical, parfois hilarant. Chemin faisant, le Collectif a forgé les concepts de dégagisme, rattachisme, non-manifestation, manif paradoxale et protodémocratie. Aux éditions maelstrÖm, il a publié les Revendication de (pré-)SDF bruxellois (2011) qui ont débouché sur la création de l’asbl DoucheFLUX, Le Manifeste du dégagisme (2011) bientôt suivi de son détricotage avec Le Dégagisme du manifeste (2017), ainsi que l’époustouflante Chronique du rattachement de la Belgique au Congo (2017). Mouvement artistico-politique belge et néanmoins irréductible à tout « surréalisme » ou tout autre courant dépassé et donc commercialisable, le Collectif manifestement s’impose comme une réalité incontournable dans le paysage visible depuis le croisement de la politique, de l’art et de la philosophie. Tout est archivé là : www.manifestement.be.

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