Publié le Laisser un commentaire

Stéphane Cojot-Goldberg / Abstract Atlas of The World / Lancement

Samedi 7 octobre à 17h, fête de lancement de Abstract Atlas of The World.

Ce livre est le premier atlas qui montre le monde tel que je le rêve, sans frontières, sans clichés, mais avec une approche esthétique et sensuelle de la géographie.

Il n’est fait mention d’aucun pays et pourtant chaque lieu est identifié et permet de voyager ainsi librement sur les six continents.

abstract

PRÉFACE

Atlas sans frontières

Selon la mythologie grecque, Atlas était le Titan qui portait le poids du monde sur ses épaules. Un atlas est donc un recueil de cartes qui tracent les terres et les mers de ce monde, notre monde. Tout au long de l’Histoire, les cartes ont représenté l’univers visible pour la personne qui les avait commandées, généralement un souverain, afin de pouvoir évaluer l’étendue de son royaume. Inutile de dire qu’elles étaient « arrangées » pour se conformer aux ambitions du commanditaire. Elles ont servi à justifier une compréhension autocratique de la propriété et la construction de la réalité elle-même.

Le photographe est un nouveau genre de cartographe, capturant ce qui est devant nos yeux afin de décrire et comprendre notre monde. Au lieu d’éclairer directement, Stéphane Cojot-Goldberg distord la lumière. Un prisme décompose le spectre lumineux, mais, ici, les manipulations de Stéphane ne servent pas à dévoiler les particularités qui forment un lieu précis. Au lieu de cela, il expose les composants communs à tous les endroits. Ses spectres révèlent des éléments primaires, démontrant ainsi leurs liens interconnectés, transcendant les notions artificielles de région, de nation et même d’identité culturelle.

Voyager à travers ses terres et ses paysages urbains ne nécessite aucun visa, passeport ou dictionnaire. Vous n’êtes plus défini ni contraint par un certificat de naissance ou une carte d’identité. En revanche, ce qui est recommandé est d’avoir un esprit sans frontières pour apprécier cette vision sans limites.

Toutes les molécules de notre corps résultent de l’explosion d’étoiles. Les pixels de ces photos ont aussi une histoire : ils ont tous la même origine. Stéphane nous montre comment ils sont connectés, même dans leur dispersion. Le tourisme revendique la particularité d’un lieu comme moyen d’attirer les visiteurs. Stéphane défie cette notion. Plutôt que des singularités, il cherche à présenter les forces qui nous unissent,  à ne pas confondre avec les notions contemporaines de mondialisation, un lien inné, moléculaire. Quelque chose de plus primitif, de plus métaphysique.

Les atlas appartiennent à la période historique de leur création. Lorsque nous regardons aujourd’hui une carte du Nouveau Monde du xvie siècle, nous sommes fascinés de voir à quel point ils ont réussi et à quel point ils se sont trompés. L’atlas de Stéphane incarne exactement ce moment de notre époque. Tandis qu’une grande partie de la planète jongle avec des questions d’identité et de nationalisme, de grands changements et des migrations se produisent. Volontairement ou non, nous nous demandons si l’identité est liée à un lieu physique, à une idée préconçue ou simplement à une habitude incontestée. Ces images suggèrent de regarder plus loin en observant de plus près chaque rayon réfracté.

Les atlas ne perdent jamais leur pouvoir de fasciner, de rendre l’abstrait tangible, de réfléchir à un monde meilleur. Celui-ci encourage cette méditation, en montrant la lumière des lieux qui nous définissent sans nous limiter. Il révèle ce qui se tient à la lisière de nos regards, ce que nos yeux ne voient pas, montrant ce qui est intrinsèquement vrai ou, du moins, notre désir d’apercevoir cette vérité abstraite.

Victor Schaub Wong, mars 2017

 

Laisser un commentaire