Mardi 23 avril à 19h, à l’occasion de la parution de plusieurs ouvrages consacrés à l’oeuvre de Murray Bookchin (entre autres “Pouvoir de détruire, pouvoir de créer” aux éditions L’Echappée et “Ecologie ou catastrophe ; la vie de Murray Bookchin” aux éditions L’Amourier), rencontre avec deux de ses traductrices, Helen Arnold et Elise Gaignebet et Daniel Blanchard, traducteur et préfacier.
Murray Bookchin (1921-2006) est un historien et critique anticapitaliste américain, précurseur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire, qui forgea les clefs théoriques et pratiques des formes de liberté en étudiant les moments révolutionnaires de l’Histoire où tout bascule.
Son enfance est bercée par les récits de sa grand-mère russe sur la collectivisation des terres et l’idéal communiste. Orateur précoce, formé à l’effervescence des débats politiques dans les parcs du New York des années Trente, dès 13 ans, du haut de sa caisse en bois, et interpelle la foule pour défendre un autre monde. Fasciné par les anarchistes espagnols de 1936, il ne tarde pas à rompre avec le marxisme…
Autodidacte – il quitte le lycée pour l’usine – au fil de ses rencontres, il pose les bases de communautés sans hiérarchie ni domination grâce à une autonomisation croissante tant alimentaire (tel ce gang de Portoricains recyclé dans les jardins collectifs urbains avec élevage de truites arc-en-ciel en aquaponie), énergétique (il fonde une école avec les pionniers de l’autoconstruction d’installations solaires et éoliennes) que politique (au moyen d’assemblées d’habitants en démocratie directe).
Sa vie, retracée ici par sa compagne et collaboratrice, nous emmène de groupes d’affinité en groupes d’étude des traditions libertaires locales, au gré de ses voyages à la rencontre des « situs » français ou des provos hollandais avant et après Mai 68, du RCM de Montréal aux radicaux Verts allemands jusqu’au confédéralisme kurde, à travers de nombreuses luttes du siècle (antimilitaristes, contre le nucléaire, antiracistes, féministes, écologistes…)
Son écologie radicale, loin des rafistolages du « capitalisme vert » ou de certains courants antitechniques malthusianistes et misanthropes, défend une révolution de nos modes de vie. Nous sommes face à un choix urgent : rester dans la loi du profit qui détruit l’ensemble du vivant ou reprendre en mains nos vies et nos espaces dans un humanisme éthique et un communalisme mutualiste. Seule une écotopie peut nous faire faire éviter la catastrophe écologique : une confédération de petites Communes autonomes autogérées issues de la convergence des luttes réconciliant villes et campagnes, spontanéité et organisation, et désir et besoin.
Penseur hors-pair, visionnaire, il a mis sa vie au service de deux de ses mots d’ordre : « SOYONS REALISTES, FAISONS L’IMPOSSIBLE, SANS QUOI NOUS AURONS L’IMPENSABLE », « DEMOCRATISONS LA REPUBLIQUE ET RADICALISONS LA DEMOCRATIE ! »