
Christophe Bataillon / Petite fête de sortie de livres !

Samedi 12 juin à 18h30
Des émeutes aux violences policières, des zones à défendre aux places occupées, des black blocs aux Gilets jaunes, de la viralité des réseaux à la rage de la rue, c’est tout l’espace de la contestation sociale qui s’est transformé radicalement ces dernières années. Et cela loin des formations politiques et syndicales, de leurs rites et folklores, dans une quête d’indépendance et d’auto-organisation bien fragile face au rouleau compresseur du néolibéralisme autoritaire. Ce livre retrace l’histoire de ces mouvements qui débordent le cadre de la politique traditionnelle, des années 1970 à nos jours. C’est l’histoire de la France «d’en bas», celle de ces hommes et ces femmes qui se soulèvent face aux diverses oppressions qu’ils subissent au quotidien, traçant une diagonale de la rage, des quartiers populaires jusqu’aux ronds-points.
Michel Kokorreff est professeur à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Spécialiste des banlieues, de l’usage et du trafic des drogues et des formes de militantisme dans les quartiers populaires, il s’intéresse à la sociologie urbaine, la sociologie de la déviance, mais aussi à l’analyse des politiques publiques et des mutations sociales. Il intervient régulièrement dans les médias et est l’auteur de nombreux ouvrages dont Refaire la cité (avec Didier Lapeyronnie) aux éditions du Seuil ou Violences policières, généalogie d’une violence d’Etat aux éditions Textuel.
Vendredi 11 juin à partir de 18h
Rencontre en présence de Valérie Mréjen, Thomas Clerc, Bertrand Schefer et Laurent Mauvignier (sous réserve).
Monographie Valérie Mréjen
Textes de Valérie Mréjen, Thomas Clerc, Bertrand Schefer ; entretien avec Laurent
Mauvignier
« Demander aux artistes de se présenter en quelques mots me semble bien souvent, en dépit de bonnes intentions, une mise à l’épreuve, un gage contre nature. Lorsque je me retrouve à devoir dire : mon travail parle de, je m’intéresse à ci ou ça, je ne perçois que trop le ridicule de la situation, l’absurdité qu’il y a à essayer de faire une visite guidée de soi-même. Dans ce domaine, on n’est jamais mieux servi que par les autres. De quoi cela parle ? Mais avant tout, de ce que vous voyez, ce que vous y voyez. Ma biographie en version condensée n’évolue pas beaucoup, j’hésite quelquefois à la renouveler, mais je ne sais pas quoi dire d’autre que ce qu’il y a dedans.
Il m’arrive d’avoir envie de changer, mais je ne le fais finalement pas, car j’imagine qu’on doit se lasser des tentatives telles que : passe le plus clair de son temps à déambuler dans le réel, n’adore pas le clafoutis, craint les moustiques et leurs virées nocturnes, ne suit pas le cours de la Bourse et porte sur l’avenir un regard discrépant. (…)
Malgré le nombre des années, je ne sais toujours pas comment répondre à : Comment vous définir ? Vous êtes plutôt écrivaine, cinéaste, plasticienne ? Vous préférez qu’on vous dise écrivain ou écrivaine ? Alors, j’essaie de m’en tirer par des pirouettes. »
Valérie Mréjen
« Ce qu’on commence à comprendre, c’est qu’ici tout communique. Les découpages, les romans, les vidéos, les photographies : ce sont toujours des portraits, et ces portraits, qu’ils soient ou non parlants, sont toujours des histoires contenues, du langage ramassé sur lui même. Et derrière ces portraits, il y a une main qui décortique, ôte la graisse comme on dit, le surplus, l’inessentiel, qui rassemble, taille, coupe au bon moment, fait entendre tout ce qui est passé sous silence à la surface de quelques mots et, à la surface du silence, tout ce qui parle encore. »
Bertrand Schefer
V. M. Tout cela nous ramène au palais des glaces, ce labyrinthe aussi attirant qu’angoissant.
L. M. Palais des glaces, oui, où les miroitements des fictions minuscules, des récits possibles sont comme des éclats de mica qui projettent des lumières – d’étoiles mortes ? trop lointaines ? Où est-ce que, les relayant, ces éclats réactivent les récits et les remettent au présent, sans se soucier de ce qui est vrai ou faux, luxe ou toc dans ce palais où la transparence des glaces ne s’oppose pas à l’opacité des signes ?
V. M. Dans le palais des glaces, à cause de l’effet boule disco, on ne sait plus très bien s’il s’agit de reflets, ou de reflets de reflets. J’aime cette idée du toc juxtaposé à de la « vraie » poussière d’étoiles, sans qu’on puisse faire la différence. La beauté des êtres est dans cet alliage entre minerai véritable et pâle imitation.
(Entretien avec Laurent Mauvignier)
Jeudi 10 juin de 16h à 20h
Le premier roman de Julie Mouchel, Ventre-Creux (ed.Velvet), paraîtra le 10 juin prochain. À cette occasion, nous vous invitons à venir trinquer (en terrasse :)), et à découvrir, ou redécouvrir, la très belle librairie Le Monte en l’Air.
Le livre :
Dans ce roman de l’enfance au tournant du siècle, nous suivons Etsie, depuis la fillette jusqu’à l’adolescente, qui se nourrit de mots pour tenir la réalité à distance, la sublimant en une poésie féérique et extravagante. Parce que la réalité d’Etsie est celle d’un monde fracassé par la folie excentrique des adultes. Julie Mouchel renforce page après page notre affection de lecteur pour Etsie, cette petite fille qui grandit sous nos yeux. Elle y réussit par son talent à rendre l’ardeur et l’ambition rebelle de son héroïne et, au delà, à décrire les sentiments d’espoir et de détresse mêlés de la jeunesse.
L’autrice :
Julie Mouchel est née en 1987, à Rouen. Elle y passe son enfance et son adolescence. À l’âge de dix-neuf ans, après une année en hypokhâgne, elle quitte la Normandie et s’installe à Paris pour poursuivre ses études. En 2010, elle obtient un master 2 d’esthétique et de philosophie de l’art à la Sorbonne IV. En parallèle, elle développe sa passion pour la musique et l’art dramatique en suivant des cours au conservatoire. En 2012, elle intègre la formation d’acteurs du Centre dramatique régional de Haute-Normandie. En 2014, elle fonde Presque l’Amour, un projet mêlant chanson à texte et musique électronique. Ces dernières années, elle alterne les projets cinéma, théâtre, musique et doublage, avec toujours en ligne de fond l’écriture et la voix.
Mercredi 9 juin de 16h à 20h
Du 16h à 20h (après tous au café ! ), événement joyeux pour célébrer la sortie de nos dernières nouveautés.
Le dernier livre d’Anne Brugni & McCloud Zicmuse et les 2 Coco Comics.
Au programme
– Grand quizz BD avec plein de cadeaux à gagner (dont une baguette).
– Lecture de Festin par McCloud Zicmuse
– Multiplication du pain
– Guillaume change l’eau en vin
Mardi 8 juin à 18h30
Rencontre et dédicace avec Emmanuel Baubatie, auteur de “Transfuges de sexe : passer les frontières du genre” aux éditions la Découverte mardi 8 juin à partir de 18h30.Les parcours des trans’ suscitent beaucoup de fascination. Leur présence dans des films, des livres ou des reportages journalistiques est encore souvent teintée de sensationnalisme. Mais qui sont réellement les personnes qui s’affranchissent de la catégorie de sexe qui leur a été assignée ? À quoi ressemblent leurs vies et leurs vies se ressemblent-elles ? À partir d’une enquête inédite auprès de la population trans’, Emmanuel Beaubatie retrace les trajectoires plurielles, complexes, mais malgré tout ordinaires, de celles et ceux qui entreprennent de passer les frontières du genre.
Les changements de sexe ne se déroulent pas qu’à l’hôpital et au tribunal ; ils se jouent aussi en famille, en amour, au guichet, au travail et dans d’innombrables interactions sociales. Femmes ou hommes trans’, jeunes ou moins jeunes, précaires ou privilégiés, soutenus par leurs proches ou isolés… toutes ces configurations forgent des parcours de transition résolument variés. Elles déterminent les obstacles auxquels font face les trans’, mais également les stratégies qu’ils adoptent pour les affronter ou, à défaut, les contourner. La transition n’est jamais qu’une question d’identité ; elle s’accompagne aussi de nombreuses dimensions matérielles. Pour cette raison, elle représente avant tout une expérience de mobilité sociale, faisant des trans’ de véritables « transfuges de sexe ».Naviguer en terrain trans’ permet d’explorer la fluidité et la multiplicité du genre, sans ignorer le poids toujours renouvelé de la domination masculine. Cet ouvrage passionnant invite ainsi les lecteurs et lectrices à repenser le genre tel qu’on le connaît – ou plutôt, tel qu’on pense le connaître – aujourd’hui.Emmanuel Beaubatie est sociologue, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales. Il travaille depuis plusieurs années sur les mobilités et la diversité de genre. Transfuges de sexe est son premier livre.
Dimanche 6 juin à 15h30 – Écologie & communisme – Rencontre publique avec Andreas Malm & Frédéric Lordon
L’épidémie de Covid-19 est sans doute la manifestation la plus spectaculaire de la crise écologique qui sévit déjà depuis un certain temps. L’irruption du virus et sa propagation planétaire, liée à la déforestation, au commerce d’animaux sauvages, à l’explosion du trafic aérien et au réchauffement climatique, est pourtant peu de choses face aux horreurs que laisse entrevoir l’avenir.
Le capital, dans sa quête d’un profit sans fin, produit le risque épidémique comme l’effet de serre, et nous prépare une planète inhabitable à l’horizon de quelques décennies. Les incendies immenses, les sécheresses comme la fonte des glaces en sont autant de figures, comme la pollution de l’air, l’extinction massive d’espèces animales et le 6e continent de plastique surgi au milieu du Pacifique Nord.
À cette crise de plus en plus palpable, se conjugue celle du néolibéralisme, qui se traduit par une précarisation généralisée et s’accompagne d’un autoritarisme croissant, d’une intensification des rapports impérialistes et de la résurgence de phénomènes fascistes.
L’urgence chronique dans laquelle nous place le capitalisme ne rend que plus vital d’imaginer et de travailler aux moyens de s’en sortir. C’est à cela que sont consacrés les derniers livres d’Andreas Malm et Frédéric Lordon. Abordant aussi bien les débats tactiques et stratégiques vigoureux qui traversent les mouvements Climat et anticapitalistes contemporains, que les contradictions qui surgiraient d’un processus de sortie du capitalisme, ils nous donnent des armes pour commencer à imaginer un construire un autre monde. Cet autre monde, ils lui donnent le nom de communisme.
Rencontre organisée par Acta et Extinction Rebellion France.
Frédéric Lordon est chercheur au CNRS.
Andreas Malm est maître de conférences en géographie humaine en Suède et militant pour le climat. Il est notamment l’auteur de L’Anthropocène contre l’histoire (2017), Comment saboter un pipeline (2020) et La chauve-souris et le capital (2020).
Samedi 5 juin de 16h à 20h, lancement en lectures et en fanfare devant la librairie
PREMIÈRE TRADUCTION EN LANGUE ÉTRANGÈRE D’UN DES CHEFS-D’ŒUVRE DE LA POÉSIE LATINO-AMÉRICAINE DE LA SECONDE MOITIÉ DU XXe SIÈCLE
Le nouveau roman (« La nueva novela ») est un ouvrage majeur de la littérature contemporaine en langue espagnole. Publié à compte d’auteur par Juan Luis Martínez en 1977 au Chili, un pays alors sous dictature, Le nouveau roman n’est pas un recueil de poèmes, mais un objet d’art, mis en page et fabriqué par son auteur, composé de textes et d’images (collages, dessins, hotographies) qui se répondent, dans lequel divers objets sont ajoutés (hameçons, drapeau, papier buvard) et diverses opérations effectuées (comme d’ajourer une page afin d’y produire une transparence locale), nécessitant l’intervention de la main sur chaque exemplaire imprimé. Proclamant la disparition de l’auteur (dont le nom est rayé en couverture), multipliant les références, les jeux intertextuels et les réécritures, Le nouveau roman est un livre insituable, dont la légèreté apparente dissimule le vide central, celui du signe privé de son sens, qui est aussi celui que creuse la dictature. Notre édition reproduit fidèlement la deuxième édition de l’ouvrage parue en 1985 (et revue par l’auteur).
L’auteur
Juan Luis Martínez est un poète et artiste visuel chilien né en 1942 à Valparaíso et mort en 1993 à Villa Alemana. Jeune garçon rebelle ayant abandonné très tôt les études, il se forge en autodidacte une vaste culture littéraire sous la double influence de la poésie française et du nonsense anglais. S’il fréquente dès sa jeunesse les grands noms de la poésie de son pays, il n’en restera pas moins toute sa vie une figure discrète, construisant seul, patiemment, une des œuvres les plus singulières de la très riche tradition poétique chilienne. Chez lui, la poésie se réalise moins par le vers que dans un dialogue entre texte et image s’incarnant dans l’objet livre, qui doit dès lors être perçu comme une œuvre plastique à part entière. Il en publiera deux de son vivant, qu’il éditera lui-même, La nueva novela (1977) et La pœsía chilena (1978).
Son esthétique du collage se joue des registres et des références, se penchant avec un humour pince sans rire sur les abîmes de la métaphysique en parodiant le ton docte des manuels scientifiques.
Vendredi 4 juin à 18h
À l’occasion de la parution de son livre «Les fleurs de cimetière» à L’Association, Baudoin sera en dédicace le vendredi 4 juin à partir de 18h.
À l’aube de ses 80 ans, le dessinateur Edmond Baudoin se lance dans la réalisation de ce livre qu’il porte en lui depuis longtemps. Le titre est sans équivoque : « Les fleurs de cimetière » .
Une longue et ambitieuse autobiographie qui se déroule au fil de pages composites, denses, où l’évocation des moments passés se mêle aux commentaires rétrospectifs, aux citations d’écrivains admirés ou aux portraits de l’artiste réalisés par des proches.
Edmond raconte son père, sa mère, le temps de l’enfance passée à dessiner aux côtés de Piero, son frère admiré. Remontant le fil des années, il évoque une existence vorace de liberté, qui n’obéit qu’à une seule boussole, le dessin, la peinture, l’écriture. L’auteur déplie ses contradictions, expose ses relations familiales et tente de disséquer, incertain, son rapport aux femmes.
Vaste ouvrage à la narration audacieuse, Les fleurs de cimetière semble suivre les courbes de la mémoire et ses mystères. Les époques, les personnages se côtoient au grès de pages-collages foisonnantes. Comme si Edmond souhaitait pouvoir tout réagencer une dernière fois. Car dès les premières pages, l’artiste prévient : « J’écris sur quelqu’un qui va mourir inabouti ».
Jeudi 3 juin à 18h30
Participez au lancement du nouveau hors-série de Socialter en présence de l’équipe éditoriale. Le hors-série sera également en vente sur place !Lancement du numéro hors-série “Libérer le temps” de la revue Socialter, en présence de Geneviève Azam et de l’équipe Socialter.Fort du succès des précédents hors-séries Le réveil des imaginaires, avec Alain Damasio, et Renouer avec le vivant, avec Baptiste Morizot, Socialter récidive sur le thème du TEMPS. Geneviève Azam assure la rédaction en chef de cette édition au format de 196 pages.Derrière le tic tac imperturbable des secondes, minutes, heures, jours, années, le temps est en réalité profondément subjectif : quand on est pressé on en manque, lorsqu’on s’ennuie il s’étire. On en gagne, on en trouve, on nous le vole. Pas le temps ! Voilà bien une expression qui pourrait caractériser notre époque, alors même que les innovations technologiques et l’encadrement du travail étaient censés nous en libérer. L’abondance de la consommation et la croissance de la production semblent avoir produit leur envers : la famine temporelle. Au point que le burn-out et la perte de sens deviennent la règle, tandis que le passé est obscurci par la nécessité d’aller vite, l’avenir fermé par le triomphe d’un marché planétaire qui n’admet aucune alternative, et que le présent semble se résumer à la répétition du Même.
Ivres de vitesse, nos sociétés ne regardent même plus autour d’elles. Si elles le faisaient, elles verraient que le paysage brûle, et que le temps des choses vivantes exige que nous freinions d’urgence. Si les confinements et couvre-feux semblent avoir suspendu momentanément notre course, il y a fort à parier que la reprise soit synonyme d’une nouvelle accélération sans limite.Avec ce nouveau hors-série, Socialter s’attaque à la question de notre rapport au temps. Comment le temps a-t-il été séquestré ? Comment le libérer ? Qu’est-ce que le temps de l’Anthropocène fait à nos représentations, à nos vies et à nos luttes ? Ralentir ne suffira pas : c’est d’une véritable bifurcation dont nous avons besoin.