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Faire sécession / Eric Sadin / L’échappée / Rencontre

Jeudi 28 octobre à 19h30

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Un phénomène impensable est en train de se produire : l’agonie du néolibéralisme. Tous ses excès – et la crise du covid – ont confirmé sa nocivité. Nous nous mettons alors à espérer un monde plus juste qui adviendrait grâce au retour de l’État providence, à la prise en compte des questions écologiques et à une participation citoyenne accrue. Un véritable paysage de carte postale en somme.Or, rien de cela ne nous sauvera du pouvoir des algorithmes, de la marchandisation intégrale de nos vies par l’industrie numérique, ou du déploiement d’une télésocialité contribuant à notre « isolement collectif ». Autant de processus qui engendrent de nouveaux types d’assujettissement, ignorés de la « grande politique ».Si nous savons que l’enjeu majeur de notre époque est d’être partie prenante des affaires qui nous regardent, cette aspiration prend des formes trop éparses, ne répondant à aucun projet commun défini en ce sens. À contre-courant de cette tendance, ce livre renouvelle les perspectives d’émancipation, en dressant un registre d’actions concrètes. Cela suppose de mener une critique des discours défendant des intérêts privés, de ne plus subir de situations iniques et de constituer un foisonnement de collectifs – dans tous les domaines de la vie – favorisant l’expérimentation, la meilleure expression de chacun, tout en étant soucieux de ne léser ni personne, ni la biosphère.Après tant de désillusions, le moment est venu de ne plus nous en remettre à des instances tierces pour nous engager dans une impérieuse et salutaire politique de nous-mêmes. 

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Mathieu Rigouste / La domination policière / La Fabrique 

Mercredi 27 octobre à 19h30

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La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-­africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anti-criminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant. Il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur, de contenir les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes « non létales » – Flash-Ball, Taser… – propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition. Rigouste montre comment l’expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales.Cette enquête, fondée sur l’observation des techniques et des pratiques d’encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment le pouvoir policier assure la reproduction des dominations capitalistes, racistes et patriarcales dans la France contemporaine.Depuis sa publication en 2012, La domination policière a trouvé un écho durant les grandes séquences de luttes et les épisodes de répression. La présente édition est actualisée et augmentée.

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Guillaume Soulatges / L’Enfant naturel / Adverse / Lancement

Samedi 23 octobre à 17h

Peut être une illustration de arbre et plein air

Pour la majeure partie du public au fait de ses activités, le travail de Guillaume Soulatges est d’abord associé à la scène graphique underground des vingt dernières années. Auteur, dessinateur et éditeur, il co-fonde en 2002 la maison d’édition Stratégie alimentaire, puis anime seul Culture commune (2013-2019), tandis qu’il présente ses dessins dans le cadre de nombreuses expositions (tant institutionnelles que souterraines), et d’ouvrages collectifs ou monographiques (une vingtaine de livres signés, dont quatre au Dernier Cri). Largement nourrie d’images « sans qualité » issues des sous-produits visuels (catalogues de supermarché, revues pornographiques, guides pratiques illustrés, etc.), la partie la plus visible de son œuvre, frontale et très explicite, a jusqu’à présent masqué ses approches plus narratives.
L’Enfant naturel est un livre qui s’articule au fil de 64 images sublimes, entre pointillisme réaliste névrotique et expressionnisme discrètement libidinal, publiées en pleine page. Un récit initiatique à la première personne d’années de jeunesse troubles, hantées par la pauvreté, la solitude, les discriminations et les coercitions multiples. Ancrée dans cet espace-temps suintant des Trente Glorieuses finissantes, l’histoire emprunte à la préciosité d’une syntaxe d’un autre siècle comme pour mieux appuyer quelque chose d’une nostalgie un rien morbide, néanmoins envisagée comme socle d’une détermination individuelle trempée. Le caractère édifiant de ce parcours est alors figuré par le chemin vers l’école, partant de la campagne profonde, entre corps de fermes vétustes et granges croulantes, en direction de la grande ville. À travers champs et forêts, d’abord, sous le regard indifférent des calvaires et des bêtes sauvages. Avant de pénétrer pas à pas dans l’espace urbain, errance programmatique vers une « civilisation » qui n’a su que trop bien hiérarchiser la position des êtres selon leur habitat : bidonville, barres d’immeubles, puis pavillons bourgeois…. L’école, alors, apparaît comme le cœur des enfers, saturé de corps tordus et de faces difformes, tout à la brutalité d’une enfance qui n’a gardé du parfum du jardin d’éden que l’irréductible foi en l’avenir du narrateur.