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Alessandro Pignocchi / Ethnographies des mondes à venir / Seuil / Rencontre

Vendredi 23 septembre à 19h30

Au cours d’une conversation très libre, Alessandro Pignocchi, auteur de BD écologiste, invite Philippe Descola, professeur au Collège de France, à refaire le monde.

Si l’on veut enrayer la catastrophe écologique en cours, il va falloir, nous dit-on, changer de fond en comble nos relations à la nature, aux milieux de vie ou encore aux vivants non-humains. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Dans quels projets de société cette nécessaire transformation peut-elle s’inscrire ? Et quels sont les leviers d’action pour la faire advenir ?

En puisant son inspiration dans les données anthropologiques, les luttes territoriales et les combats autochtones, ce livre esquisse la perspective d’une société hybride qui verrait s’articuler des structures étatiques et des territoires autonomes dans un foisonnement hétérogène de modes d’organisation sociale, de manières d’habiter et de cohabiter.

Des planches de BD, en contrepoint de ce dialogue vif, nous tendent un miroir drôlissime de notre société malade en convoquant un anthropologue jivaro, des mésanges punks ou des hommes politiques nomades et anthropophages en quête de métamorphoses.

Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie, s’est lancé dans la bande dessinée avec son blog Puntish. Ses romans graphiques sont inspirés des travaux de Philippe Descola : Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros et les trois tomes du Petit traité d’écologie sauvage (Steinkis, 2016 et 2020).

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Virginie Despentes/ Cher connard / Grasset / RENCONTRE ANNULEE

Jeudi 22 septembre à 19h30

“Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publie sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chie sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

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Raphaël Kempf & Laurent Bonelli / Violences judiciaires / La Découverte / Rencontre

Mercredi 21 septembre à 19h30

A l’occasion de la parution de son dernier ouvrage Raphaël Kempf, avocat, dialoguera avec le sociologue Laurent Bonelli.

Des quartiers populaires à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en passant par les Gilets jaunes, la question des violences policières est désormais centrale dans la société française.

Or, si les violences policières peuvent se systématiser, c’est qu’elles sont sous-tendues par d’autres abus, moins spectaculaires et plus raffinés, qu’il faut bien nommer pour ce qu’ils sont : des « violences judiciaires ». L’interpellation, la garde à vue, le jugement, l’emprisonnement et ses mesures alternatives : c’est à chaque fois le pouvoir judiciaire qui valide ou actionne les agissements de la police.

Dans un état d’urgence permanent, on assiste à une surenchère des arrestations, verbalisations et condamnations, qui brisent les trajectoires de vie de plus en plus nombreuses.

L’irresponsabilité croissante du parquet et des magistrats, qui ne rendent de comptes à rien ni personne, accélère une logique de classe inhérente aux tribunaux. L’industrialisation des procédures, notamment via le « Traitement en temps réel » et l’inflation des comparutions immédiates, aboutit à une banalisation de l’arbitraire.

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Guillaume Lebrun / Fantaisies guérillères/ Christian Bourgois / Rencontre

Mardi 20 septembre à 19h30

En ce début de xve siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons n’en finissent pas de s’écharper. La guerre civile menace de ravager le pays. C’en est trop pour Yolande d’Aragon. Puisqu’une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n’est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. Et la voilà reconvertie dans l’élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Mais la Douzième, de loin la plus forte et la plus féroce, n’a rien à voir avec celle que Yolande aurait voulu initier à la vraie nature de sa mission.
Porté par une langue inouïe d’inventivité, d’insolence et de drôlerie, ce roman iconoclaste en diable réinvente l’un des plus illustres épisodes de l’histoire de France avec panache.

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Juliette Rousseau / La vie têtue / Cambourakis / Rencontre

Dimanche 18 septembre à 17h

« Nous sommes les héritières d’une détermination farouche, nous les descendantes des avortements ratés, des grossesses imposées. Celle-ci est indémêlable de nos douleurs et de nos rages, transmises d’une génération à l’autre comme on essore un torchon plein de sang, dans l’anonymat d’une cuisine plongée dans la nuit. »

Depuis la maison familiale où elle est revenue habiter, une femme, s’adressant à sa soeur disparue, convoque les souvenirs de leur enfance. Porteuse d’un lourd passé de violences patriarcales, elle explore les possibilités de survivre à cet héritage, dans un paysage rural dévasté, où les haies ont disparu et où la forêt se fait moins dense, cernée par les champs de maïs industriels.
Avec ce récit composé de courts chapitres, Juliette Rousseau nous offre un premier texte littéraire poignant, sensible et lumineux qui rend hommage aux femmes de sa famille.

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Zéphir / La Mécanique des vides / Futuropolis / Lancement

Samedi 17 septembre à 17h

Lancement-dédicace de La mécanique des vides de Zéphir / Futuropolis

Quelques mots de Zéphir sur la naissance du livre :

En décembre 2015, la tente plantée sous un arbre du Brésil, je notais quelques phrases dans mon carnet. Je cherchais à décrire le début d’un voyage pour lequel je ne m’étais pas donné de date de retour.
Durant les deux années nomades qui ont suivi, l’écriture m’est rapidement devenue nécessaire pour digérer ce que je traversais et m’y retrouver un peu dans l’intensité des journées qui s’enchaînaient, pour mettre à distance le monde et mieux saisir ce que la route dévoilait.
Dans mes carnets se mélangeaient des bribes de ce que je vivais, des bouts de croquis, des pistes pour de possibles livres, des adresses et recommandations en tout genre griffonnées par des mains bienveillantes.
Très vite, l’impossibilité de communiquer ce que je vivais m’a sauté aux yeux : aucun médium ne pouvait donner à voir ou sentir clairement ce qui se passait là. Bouvier l’a très bien formulé :

« Si ces moments d’extrême bonheur, d’extrême danger ou d’extrême malheur sont si difficiles à décrire, c’est précisément parce que le langage s’arrête à un certain point et que vous, vous allez un peu plus loin. Vous avez deux mots sentinelles qui sont ‘indicible’ et ‘ineffable’ et derrière, il n’y a plus de texte. La musique, elle, passe plus furtivement cette douane mais sans aller jusqu’au bout sinon, de nouveau, le firmament s’éteindrait. C’est assez plaisant de penser que nous devons notre survie à notre imperfection. »

Cette idée de «mot sentinelle”, d’un seuil où le langage s’arrêterait m’a fasciné. C’est un des points de départ de mon livre.
Je n’ai pas voulu parler de ma petite expérience de voyageur, j’ai plutôt tenté d’approcher par le récit les tremblements provoqués par le fait de voyager.
J’ai souhaité que La mécanique des vides soit à l’image de ce voyage : entièrement improvisé.
Les notes désordonnées de mes carnets m’ont servi de balises, un léger fil rouge m’a guidé dans l’avancée du récit. Le reste s’est fait au fil des cases. J’ai tenté de rencontrer et de suivre mes personnages comme j’ai pu le faire avec des voyageurs rencontrés en chemin.
Durant ces vingt-huit mois de voyage, il y eut aussi ces instants où plus rien ne faisait sens, où j’avais l’impression que le monde entier se faisait sans moi, que l’immense liberté née du fait de ne pas avoir d’attaches était chèrement payée. Dans ces instants-là, l’écriture et le dessin seuls me poussaient à continuer. En imaginant ce livre, j’avais l’impression de payer ma dette au voyageur qui se dispersait en route.

La Mécanique des vides, c’est l’histoire d’une mère qui sème des histoires pour embellir le monde, d’un homme qui court après des mots qui s’enfuient, d’une pirogue qui vole, d’esprits qui témoignent pour sauver une jungle qui se fait aspirer, d’un désert où les pierres versent des larmes. 

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Inès Rousset & Simon Burger / J’ai vu des vêtements sauvages / Lancement

Vendredi 16 septembre à 18h30

Un livre publié par Le Monte-en-l’air

Inès est en stage à Tokyo. Simon, qui devait la rejoindre, est bloqué par le confinement. Alors, il parcourt les îles du Japon avec Google Maps, faisant du tourisme depuis son canapé.
En passant d’île en île, le moteur de recherche lui soumet les avis de ses visiteurs : « L’eau n’est pas très bonne ambiance. » Les voyageurs s’expriment sans aucune limite. Ils notent paysages et cafétérias. Ils ont un avis à donner aux autres qui comptent s’y rendre. « J’ai vu des vêtements sauvages. Buvez de l’eau douce naturelle.» C’est déjà mal traduit, c’est pratique. Ça ressemble à de la poésie.
En les traduisant à nouveau par le dessin, Inès propose une sorte d’étirement graphique. Un enfant blasé essaie tant bien que mal de faire barrière à la mer qui lui coule sur le coude. Une géante fait du hula hoop dans la nuit en prenant soin de n’écraser personne. Dix smileys fâchés paradent avec des pouces vers le bas sur un parking. Autant de situations énigmatiques dont l’étrangeté est encore renforcée par son dessin tout à la fois brut et délicat.
Dès lors, difficile de résister à ce recueil de conseils mal traduits pour partir en territoire insulaire. On aurait plutôt envie, au contraire, de s’y laisser glisser jusqu’à complètement chavirer.

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Xavier Bouyssou / Toonzie / Editions 2024 / Lancement

Jeudi 15 septembre à 18h30

Toonzie va bientôt mourir. Dans sa luxueuse villa de San Bernardino, Coolifornie, seule une poignée de fidèles entourent encore le gourou déclinant. La mort de leur prophète sera un déchirement mais aussi une célébration car l’humanité toute entière sera alors ” toonzifiée ” : chacun pourra découvrir son propre Toon et vivre en harmonie avec lui, prouvant au monde que Toonzie avait raison. Pour que la prophétie se réalise, Toonzie doit mourir en paix. Alors que ses derniers disciples essaient d’adoucir la lente agonie du vieil homme, l’agent du fisc Adam Miller, lui, est bien décidé à faire de ses derniers jours un enfer…
Avec ce premier livre d’une grande virtuosité, Xavier Bouyssou impose la bande dessinée comme le Médium par excellence, le seul véritable opium du peuple à même de sauver l’Humanité.
Gourou d’un nouveau genre, il produit une synthèse surprenante entre l’héritage de Carl Barks et les découvertes les plus récentes en matière de psychologie cognitive, pour prendre le contrôle des cœurs et des cerveaux. Lecteurs, lectrices, laissez-vous guider par le Maître, vous n’en sortirez pas indemnes… 

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Sylvain Pattieu / Panthères et pirates / La Découverte / Rencontre

Mercredi 14 septembre à 19h30

Des Afro-Américains entre lutte des classes et Black Power

C’est l’histoire de Melvin et Jean McNair, deux étudiants afro-américains qui se rencontrent en 1966 en Caroline du Nord. Mariés, deux enfants, ils auraient pu mener une vie paisible. Mais il y a la guerre du Vietnam, l’assassinat de Martin Luther King, l’élan révolutionnaire des Black Panthers. Melvin est déserteur. Pour fuir et dénoncer le racisme, Jean et lui détournent un avion avec trois complices, le 30 juillet 1972. Destination Alger, capitale d’un pays indépendant et d’un tiers monde incandescent.

Arrêtés après avoir été exfiltrés vers Paris, qui refuse de les extrader, ils sont emprisonnés et jugés lors d’un procès médiatisé où l’on croise James Baldwin et Simone Signoret. Leur peine purgée, ils refont leur vie à Caen et deviennent des figures locales engagées. Le parcours de Jean et Melvin montre de façon exemplaire comment s’entremêlent concrètement les questions de race et de classe. Définis comme Noirs aux États-Unis, le restent-ils à leur arrivée en France et à quelles formes de racialisation sont-ils confrontés ?

À partir d’archives et d’entretiens inédits, cette grande fresque sociohistorique nous plonge, de part et d’autre de l’Atlantique, dans les luttes antiracistes et anti-impérialistes des années 1970. En décentrant le regard, elle offre de nouvelles perspectives sur les sujets brûlants que sont le racisme anti-Noirs et la radicalité politique.

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Nastassja Martin / À l’est des rêves : réponses even aux crises systémiques / La Découverte / Rencontre

Mardi 13 septembre à 19h30

Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich’in, Nastassja Martin a franchi le détroit de Béring pour entamer une recherche comparative au Kamtchatka. Pendant l’époque soviétique, les Even, peuple nomade d’éleveurs de rennes, ont été sédentarisés dans des fermes collectives. Après la chute du régime, beaucoup ont continué d’être les bergers des rennes qui ne leur appartenaient plus, les troupeaux étant aux mains d’entreprises privées. Depuis l’ouverture de la région en 1991, les anciens kolkhozes du Kamtchatka se transforment en plateformes touristiques.
En 1989, juste avant la chute de l’Union soviétique, une famille even aurait décidé de repartir en forêt, recréer un mode de vie autonome fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Était-ce une légende ? Comment un petit collectif violenté, spolié, asservi par les colons avant d’être oublié de la grande histoire s’est-il saisi de la crise systémique pour regagner son autonomie ? Comment a-t-il fait pour renouer les fils ténus du dialogue quotidien qui le liait aux animaux et éléments, sans le secours des chamanes éliminés par le processus colonial ? Quelles manières de vivre les Even d’Icha ont-ils réinventées, pour continuer d’exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l’extractivisme et du changement climatique ?
Dans ce livre, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d’assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l’autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones en restituant leurs puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité.