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Fête autour de la transmission des éditions Corti

Mercredi 28 septembre à 19h30

Voilà une des soirées à venir qui nous tient le plus à cœur, parce qu’en ces temps de tourments, il est terriblement réconfortant de savoir que dans l’édition, alors que la monstrueuse machine des groupes et des rachats opère et broie, des éditeurs historiques font le choix de la transmission, et aujourd’hui, transmettre relève d’un geste politique fort, qu’il nous semble important de souligner et de fêter.

En 1925, José Corti ouvre une librairie avec sa femme, Nicole, au 6 rue de Clichy à Paris. À la même époque, il édite ou diffuse la plupart des auteurs surréalistes. En 1938, c’est au 11 rue Médicis que se fixe la librairie, dont Julien Gracq pousse la porte. Il restera fidèle à Corti puis à ses successeurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, José Corti diffuse des textes clandestins et marque son opposition au nazisme en publiant notamment des auteurs juifs et anglais. Après la guerre, il édite des textes poétiques, des textes critiques d’universitaires novateurs dans la collection « Les essais » (Georges Blin, Jean Rousset, Georges Poulet, Charles Mauron, Gilbert Durand) et publie aussi des classiques méconnus du romantisme européen (Beckford, Blake, Maturin, de Maistre, Walpole) comme des précurseurs du surréalisme (Lautréamont).

Bertrand Fillaudeau travaille avec les Corti de 1980 à 1984. Ils le choisissent pour prendre la suite. En même temps qu’il conserve l’esprit de Corti, il développe largement les collections « Domaine romantique » et « Les Essais », il crée les collections « Ibériques » et « En lisant en écrivant », et accueille de nouveaux auteurs français (dont Ghérasim Luca, Christian Hubin, Éric Faye, Georges Picard, Claude Louis-Combet, Pierre Chappuis…) et étrangers (dont Léonid Andreïev, Hermann Hesse, Emily Dickinson, Miklos Szentkuthy, Robert Burton…).

Fabienne Raphoz, écrivain et poète, le rejoint en 1996 et crée les collections « Merveilleux » et « Biophilia » ainsi que la « Série américaine ». Elle accueille également de nouveaux auteurs de langue française (dont Denis Grozdanovitch, Caroline Sagot Duvauroux, Julie Mazzieri, Tatiana Arfel, Marc Graciano, Aurélie Foglia, Jean-Christophe Cavallin, Bruno Remaury…).

Reprenant à leur tour le geste de José et Nicole Corti 39 ans auparavant, Fabienne Raphoz et Bertrand Fillaudeau ont choisi de passer, en 2023, le flambeau des éditions à Marie de Quatrebarbes et Maël Guesdon. Ce geste est celui, particulièrement précieux aujourd’hui, du choix de l’indépendance, dans un contexte où la diversité (celle du monde de l’édition comme du vivant) est plus que jamais mise en danger. C’est ce choix, constamment reconduit depuis 85 ans, que cette soirée fêtera, en proposant, autour de quelques lectures d’amis, auteurs, artistes et traducteurs, un cheminement dans le catalogue hors normes des éditions Corti.

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Olivier Marbœuf / Suites décoloniales / Editions du commun / Rencontre

Mardi 27 septembre à 19h30

Entre fables, interpellations et récits spéculatifs, Conteur nous entraîne, nuit après nuit dans sa fuite de la plantation. Africain par détour, le personnage d’Olivier Marboeuf a l’œil grand ouvert et la langue bien pendue. Il a les Antilles banlieusardes et déparlantes. Il tisse, de la cale à la cave, des histoires de bouleversement et perce avec malice les écrans de fumée de la fiction coloniale. Son chant dessine des chemins fragiles vers des parcelles habitables.

Au travers de ce travail, l’auteur nous plonge dans les ressorts d’une décolonisation de façade qui trouvent une prise particulière dans les institutions culturelles françaises. Pratiques de contrebande et d’errance, collections de gestes de refus et de ruse, grève d’une peau qui ne veut pas être le nouvel habit de l’économie néolibérale, « Suites décoloniales » est un manifeste pour des nouvelles scènes politiques de l’art.

Olivier Marboeuf est auteur, poète, performeur, commissaire d’exposition indépendant et producteur de films. Fondateur avec Yvan Alagbé des éditions Amok (aujourd’hui Frémok), il a été de 2004 à 2018, directeur artistique de l’Espace Khiasma, centre d’art visuel et de littérature vivante aux Lilas (93).

A l’occasion de cette rencontre au Monte-en-l’air, il partagera cet essai spéculatif sous la forme d’une conversation avec Seumboy Vrainom :€, apprenti chamane numérique, fondateur de la chaîne Histoires Crépues et Mawena Yehouessi, artiste et curatrice. On parlera de transmission intergénérationnelle, de défaire et refaire l’histoire et des figures fugitives d’un imaginaire afro-descendant décolonial.