Mardi 14 février à 19h30, rencontre animée par Florian Caschera.
“Les morts sont insensibles aux récits, ils n’ont pas besoin d’être apaisés, où ils sont plus rien ne les concerne. Ce que nous remuons, ce que nous cherchons obstinément, ce sur quoi nous enquêtons sans relâche, ce ne sont que des songes, de frêles apparences dépourvues de corps et de réalité qui n’intéressent que les vivants. Les morts, eux, sont sans histoires, du moins, je crois, ne cherchent-ils plus à en avoir.”
Parti à Perugia, Ombrie, Italie, sur les traces de ses ancêtres, le narrateur s’égare, circule en titubant parmi les œuvres de Giotto, Raphaël, le Pérugin, Pietro Lorenzetti et quelques autres, croisant au passage saints, papes, griffons, anges et martyrs.
Ce roman en vers est avant tout le récit d’un séjour au pays des morts, sur les modèles de Virgile et de Dante, un voyage intime et sensible à travers un tissu d’œuvres picturales et littéraires.
Mais toute quête des origines n’est que vanité destinée à la satisfaction des vivants. Il faut savoir laisser les morts tranquilles. « À courir après des fantômes, / aussi familiers soient-ils, / on n’attrape au mieux que du vent. »
Après Pâture de vent (2019), Porte du soleil clôt un cycle amorcé avec Extrêmes et lumineux (2015).
Lundi 13 février à 19h30, rencontre exceptionnelle avec Bernardine Evaristo à l’occasion de la publication de Des racines blondes et Manifesto aux éditions Globe.
Bernardine Evaristo est née en 1959 à Eltham d’un père nigérian, émigré en Grande-Bretagne dix ans plus tôt, et d’une mère anglaise d’origine irlandaise. Militante, activiste, dramaturge, elle a cofondé le Théâtre des Femmes Noires en 1982. Professeure de littérature à l’université de Brunel, elle y a créé le prix international de poésie africaine. Elle est aussi vice-présidente de la Royal Society of Literature. En 2019, elle a partagé le prestigieux Man Booker Prize avec la canadienne Margaret Atwood. Son huitième livre, Fille, femme, autre, a fait d’elle la première lauréate noire d’un tel prix.
Des racines blondes Et si l’Afrique avait conquis le monde ? Et si les maîtres étaient devenus les esclaves ? Née dans une famille d’agriculteurs anglais, enlevée par des trafiquants et revendue en Aphrika, Doris a été réduite en esclavage par le Chef Kaga Konata Katamba Ier, dont les initiales – KKK – sont gravées sur sa peau. Mais lorsqu’elle tente de s’échapper, le soir de la messe Voodoo, elle se heurte à la violence d’une société tout entière fondée sur l’exploitation de son peuple. Expédiée dans les champs de canne à sucre, Doris, sous la poigne bienveillante de la viking Ye Mémé, va découvrir la culture des esclaves et renouer avec ses racines blondes … Dans cette fable uchronique qui doit autant à Lewis Carroll qu’à Toni Morrison, Bernardine Evaristo inverse les couleurs de l’histoire pour mieux démonter et dénoncer les mécanismes de domination à l’œuvre dans nos sociétés.
Manifesto Ne jamais abandonner : telle est la devise que n’a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d’un ouvrier nigérian et d’une institutrice anglaise, l’autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l’a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l’artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d’une vie trépidante, faite de voyages, d’amours, de poésie, de théâtre et d’engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme. Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d’oppression.