Mardi 12 avril à 18h30, rencontre avec Patrick Zachmann à l’occasion de la publication de So long, China aux éditions Xavier Barral.
Cela fait plus de trente ans que Patrick Zachmann parcourt la Chine qu’il découvre en 1982 à travers le prisme du cinéma. Des triades de Hong Kong dans les années 80 à la transformation de la ville de Pékin en passant par Tian’anmen, le tremblement de terre du Sichuan et l’exposition universelle de Shanghai, cet ouvrage rassemble près de 350 photographies N&B et couleur, mêlant la petite et la grande histoire dans un pays en pleine mutation. Le fil rouge de ce travail au long cours est la question de l’identité qui devient pour les nouvelles générations, en perte de repères, un enjeu essentiel.
L’exposition de ce travail à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) ouvrira le 6 avril 2016.
L’exposition de ce travail à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) ouvrira le 6 avril 2016.
So long, China
Après un premier voyage de découverte, en 1982, dans le cadre d’un reportage sur le cinéma chinois, Patrick Zachmann entreprend un travail sur la diaspora chinoise dans le monde. Cela l’amène en Chine du Sud d’où sont originaires la plupart des immigrés. Il entame alors un voyage sur la durée à travers une vingtaine de séjours qui lui permettront de saisir les transformations fulgurantes de la société chinoise mais aussi les bouleversements urbains. Images du sud de la Chine, de Hong Kong, mais aussi de Taïwan qui entretient un lien très fort et incontournable avec la mère patrie, images de Tian’anmen lors des événements de mai-juin 1989, et du terrible tremblement de terre qui endeuilla la province du Sichuan en 2008.À partir de 2001, la Chine de Patrick Zachmann passe à la couleur. Comme une transition, la série Impressions de nuit montre un pays qui est passé du costume de Mao aux couleurs vives, extravagantes et audacieuses.
Le photographe choisit dès lors de montrer faux-semblants et envers du décor, il veut être le témoin de la complexité des formes qui bouleverse les identités individuelles et collectives de la Chine contemporaine. Entre les images de façade qui caractérisent le pays – décors urbains, pouvoir des apparences, univers artificiel de la nuit – se glissent des existences dures et incertaines, comme celles de ces mingong, paysans pauvres venus fuir la misère et chercher du travail dans les grandes villes. Véritables esclaves modernes qui construisent la Chine de demain, ils sont près de deux cents millions à trimer pour un salaire de misère et ne rentrent au village, qu’une fois par an, durant le nouvel an chinois. Avec la série Retour à Wenzhou, Zachmann montre les mutations profondes de l’espace urbain. Le mouvement d’immigration s’est presque inversé. Les candidats à l’exil se font plus rares et de nombreux Chinois reviennent au pays, les chances de s’enrichir sont plus grandes aujourd’hui à Wenzhou que dans un atelier clandestin en France. Les dernières images du livre, composées de portraits transgénérationnels, ont pour ambition de montrer le choc culturel à l’intérieur des familles dans un pays où l’histoire s’est accélérée à une vitesse vertigineuse.Des extraits du journal de bord tenu par Patrick Zachmann lors de ses voyages ponctuent ces différentes étapes et apporte un éclairage supplémentaire à ces images, mais aussi sur le travail de photographe dans une société où règnent la censure et la manipulation du régime.
Après un premier voyage de découverte, en 1982, dans le cadre d’un reportage sur le cinéma chinois, Patrick Zachmann entreprend un travail sur la diaspora chinoise dans le monde. Cela l’amène en Chine du Sud d’où sont originaires la plupart des immigrés. Il entame alors un voyage sur la durée à travers une vingtaine de séjours qui lui permettront de saisir les transformations fulgurantes de la société chinoise mais aussi les bouleversements urbains. Images du sud de la Chine, de Hong Kong, mais aussi de Taïwan qui entretient un lien très fort et incontournable avec la mère patrie, images de Tian’anmen lors des événements de mai-juin 1989, et du terrible tremblement de terre qui endeuilla la province du Sichuan en 2008.À partir de 2001, la Chine de Patrick Zachmann passe à la couleur. Comme une transition, la série Impressions de nuit montre un pays qui est passé du costume de Mao aux couleurs vives, extravagantes et audacieuses.
Le photographe choisit dès lors de montrer faux-semblants et envers du décor, il veut être le témoin de la complexité des formes qui bouleverse les identités individuelles et collectives de la Chine contemporaine. Entre les images de façade qui caractérisent le pays – décors urbains, pouvoir des apparences, univers artificiel de la nuit – se glissent des existences dures et incertaines, comme celles de ces mingong, paysans pauvres venus fuir la misère et chercher du travail dans les grandes villes. Véritables esclaves modernes qui construisent la Chine de demain, ils sont près de deux cents millions à trimer pour un salaire de misère et ne rentrent au village, qu’une fois par an, durant le nouvel an chinois. Avec la série Retour à Wenzhou, Zachmann montre les mutations profondes de l’espace urbain. Le mouvement d’immigration s’est presque inversé. Les candidats à l’exil se font plus rares et de nombreux Chinois reviennent au pays, les chances de s’enrichir sont plus grandes aujourd’hui à Wenzhou que dans un atelier clandestin en France. Les dernières images du livre, composées de portraits transgénérationnels, ont pour ambition de montrer le choc culturel à l’intérieur des familles dans un pays où l’histoire s’est accélérée à une vitesse vertigineuse.Des extraits du journal de bord tenu par Patrick Zachmann lors de ses voyages ponctuent ces différentes étapes et apporte un éclairage supplémentaire à ces images, mais aussi sur le travail de photographe dans une société où règnent la censure et la manipulation du régime.
Patrick Zachmann
Né en 1955 à Paris, Patrick Zachmann dit être devenu photographe parce qu’il n’a pas de mémoire. Il affirme la rechercher en reconstituant les albums de la famille qu’il n’a pas eu. Photojournaliste et réalisateur, il développe une œuvre qui traite de façon récurrente des questions d’identité, de la mémoire et de l’immigration de différentes communautés. Il travaille, de 1982 à 1984, sur l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille. En 1983, il publie son premier livre, Madonna !, plongée dans la violence de la mafia napolitaine. Deux ans plus tard, il intègre l’agence Magnum et devient membre en 1990.
Plus proche de sa propre histoire, l’ouvrage Enquête d’identité. Un juif à la recherche de sa mémoire (1987) est le fruit d’une recherche de sept ans. En 1989, son reportage sur les événements de la place Tian’anmen, largement diffusé dans le monde, marque le début de son immersion photographique au coeur du monde chinois. « Photographe de ce qui ne peut pas être dit », plus que photographe de l’action, il ne recule pas devant de longues investigations pour dire l’indicible. Aussi faudra-t-il attendre 1995 pour voir la publication de W. ou l’œil d’un long-nez, sur la diaspora chinoise.
En parallèle, il mène un travail au long cours sur la banlieue qui a fait l’objet d’une exposition à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration en 2009, accompagnée d’un premier ouvrage aux Éditions Xavier Barral : Ma proche banlieue. Dans la série Mare/Mater, il confronte son histoire familiale à celle des migrants d’aujourd’hui entre les deux rives de la Méditerranée. Cette série a été exposée au MuCEM à Marseille en 2013 puis au Musée Niépce à Chalon-sur-Saône.
Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Niépce en 1989. Plus récemment, dans le cadre de son travail sur la Chine, il a reçu une Aide à la création de la délégation aux arts plastiques (DAP) ainsi qu’en 2015, le Prix Spécial de la Fondation Gan pour le Cinéma pour son premier projet de film fiction « Mister Wu ».
Né en 1955 à Paris, Patrick Zachmann dit être devenu photographe parce qu’il n’a pas de mémoire. Il affirme la rechercher en reconstituant les albums de la famille qu’il n’a pas eu. Photojournaliste et réalisateur, il développe une œuvre qui traite de façon récurrente des questions d’identité, de la mémoire et de l’immigration de différentes communautés. Il travaille, de 1982 à 1984, sur l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille. En 1983, il publie son premier livre, Madonna !, plongée dans la violence de la mafia napolitaine. Deux ans plus tard, il intègre l’agence Magnum et devient membre en 1990.
Plus proche de sa propre histoire, l’ouvrage Enquête d’identité. Un juif à la recherche de sa mémoire (1987) est le fruit d’une recherche de sept ans. En 1989, son reportage sur les événements de la place Tian’anmen, largement diffusé dans le monde, marque le début de son immersion photographique au coeur du monde chinois. « Photographe de ce qui ne peut pas être dit », plus que photographe de l’action, il ne recule pas devant de longues investigations pour dire l’indicible. Aussi faudra-t-il attendre 1995 pour voir la publication de W. ou l’œil d’un long-nez, sur la diaspora chinoise.
En parallèle, il mène un travail au long cours sur la banlieue qui a fait l’objet d’une exposition à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration en 2009, accompagnée d’un premier ouvrage aux Éditions Xavier Barral : Ma proche banlieue. Dans la série Mare/Mater, il confronte son histoire familiale à celle des migrants d’aujourd’hui entre les deux rives de la Méditerranée. Cette série a été exposée au MuCEM à Marseille en 2013 puis au Musée Niépce à Chalon-sur-Saône.
Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Niépce en 1989. Plus récemment, dans le cadre de son travail sur la Chine, il a reçu une Aide à la création de la délégation aux arts plastiques (DAP) ainsi qu’en 2015, le Prix Spécial de la Fondation Gan pour le Cinéma pour son premier projet de film fiction « Mister Wu ».