Dimanche 12 mai de 15h à 18h
Lancement en présence des auteurs Aurélia DECLERCQ, Marie DU CREST, Christophe ESNAULT, Élodie HEMBERG, Romain PARIS et Lola THIERY et des membres de la revue Jean-Marc FLAPP, Côme FREDAIGUE et Mathilde TASTEYRE.
Ça ne doit pas être facile, d’être La Vérité : on l’exige, on la flaire, on la traque, on s’en approche, on la débusque (elle jaillit alors, lumineuse, toute nue), on met le doigt dessus (tout en étant en dessous – quand ce n’est pas à cent lieues), on la regarde en face et on la trouve soudain… cruelle, odieuse, horrible (en un mot : dérangeante), on ne la supporte pas, on recule devant elle (on en a peur en fait) alors on s’en écarte (on lui tourne le dos ou on la dissimule), on lui fait une entorse (ce qui est assez mesquin), on l’étouffe, on la tronque, et pour qu’elle triomphe (du moins c’est ce qu’on prétend) on la fait éclater… ce qui fait que sans doute, si elle pouvait parler (voire si elle existait), à toute l’Humanité (qui est un peu son fan-club) La Vérité dirait : « J’en ai marre de vos gueules : vous grouillez, vous êtes laids (cons, tordus : malfaisants) et vous me dégoûtez. Allez vous faire foutre et fichez-moi la paix ! » Ce qui, on en conviendra, serait assez grossier mais très compréhensible (certain énervement) et franc en tous les cas (ce qui est bien le moins venant de La Vérité). On serait tentés alors (pour qu’elle se calme un peu) de lui dire : « D’accord. Repose-toi : on te lâche. » mais en fait c’est bien d’elle qu’on va causer ici (on lui aurait donc menti). Et d’autres choses aussi (vous pouvez vérifier : on vous jure que c’est vrai).