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Élodie Fradet et Walker Diaries / Belleville ce jour-là / Unicité / Rencontre

Vendredi 10 février à 18h30

En 2017, je me suis installée à Belleville. Je ne venais pas de si loin. De mon précédent logement du 11e arrondissement à ma nouvelle adresse, le compteur indique à peine plus de deux kilomètres. Le quartier, je le connaissais déjà.

Pourtant, mon étonnement était quotidien. Belleville ne livre pas toute sa matière aux voyageurs de passage. Elle aiguise vos sens avant de vous donner à voir. Aussi, au fil des jours, une croyance s’est imposée ; ici, la vie suinte et dégouline comme l’eau, lorsque le barrage cède, sans crier gare, avec impatience, sans destination. La déambulation est mal aisée. Une succession de creux et de pleins, parfois terre-plein, remarquables belvédères, de côtes et de pentes.

Ces bribes de conversations, ces rencontres, j’ai commencé par les consigner sur un carnet. Les lignes rêvaient de danser avec des images. Trouver un photographe, en plein confinement, n’eût été possible sans d’aimables facilitateurs. Au premier coup d’œil, j’ai su que mon partenaire pour cette aventure serait, s’il y consentait, Walker Diaries. Durant cette étrange période, c’est sur un banc, dans le froid, masqués, distanciés d’un mètre que nous avons échangé nos vœux de collaboration.

Ma couverture du territoire n’est ni experte, ni exhaustive, ni impartiale, biaisée par mon usage et mes trajets, du sommet au bas de la pente de Belleville. Contempler et partager ce que le quartier m’offrait à voir, ce jour-là. Le titre devait éviter l’équivoque.

On m’avait offert un ouvrage de Willy Ronis puisqu’il avait tant photographié Belleville et Ménilmontant d’après-guerre. Un portrait humaniste, optimiste et sensible contrastant avec une autre lecture, celle de Jours tranquilles à Belleville de Thierry Jonquet, récit d’un quartier miné par la pauvreté, l’insécurité et la drogue à l’aube du XXIe siècle. Willy Ronis, c’est un regard posé au quotidien sur des personnages et des situations qui créent le récit photographique ou littéraire. Ce procédé, ce choix de l’instant et de l’image, il le raconte dans Ce jour-là, une histoire de ses plus fameux clichés.

Ici, le récit précède la photographie. Mais l’envie est bien celle-là, de raconter ce qui a fait histoire pour une habitante de Belleville et un photographe du quartier, ce jour-là, à hauteur d’homme et de femme.

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