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Patrick Boucheron, Marie Cosnay, Marcelline Delbecq et Amélie Lucas-Gary / Collection Fléchette

Mercredi 15 novembre à 19h30, rencontre avec Patrick Boucheron, Marie Cosnay, Marcelline Delbecq et Amélie Lucas-Gary pour fêter les quatre nouveaux titres de la collection Fléchette des éditions Sun/Sun. Rencontre organisée en partenanriat avec En attendant Nadeau et animée par Jeanne Bacharach.

Fléchette est une collection de livres où dialoguent les images des Archives de la Planète réalisées par Albert Kahn et 12 opérateurs, de 1909 à 1931 avec des textes d’auteurs contemporains. Chaque autrice et auteur est invité.e à se saisir d’une image (autochromes et/ou film) et à écrire à partir de cette image.

Partant de la même démarche, les textes abondent sous des formes différentes, texte documentaire, poétique, fictionnel, essais.

Une actualisation et une réactualisation cent ans plus tard de la question de la disparition des mondes.

Chacun des livres comporte en ouverture une reproduction de l’autochrome choisie. Cette image se lit aussi bien en opacité qu’en transparence avec une source lumineuse. L’image insérée en début d’ouvrages peut à nouveau circuler.


Patrick Boucheron, Les colonnes de San Lorenzo

Au moment de se réveiller – on dit parfois : retrouver ses esprits – tout lui était revenu d’un coup, les pas perdus de ces années passées, la volonté d’en ralentir l’oubli, le goût pour les traces qui

s’estompent. Il s’était glissé dans l’entrebâillement des colonnes de San Lorenzo et s’y retrouvait, tranquille. C’est toujours beau de rêver d’un passé retrouvé, cela peut même être somptueux. Mais cette beauté est- elle historienne, et n’y a-t-il pas un coup de force à vouloir s’autoriser, et tirer bénéfice, de l’émotion d’appartenance qui consiste justement à s’y retrouver ?


Marie Cosnay, Toi et ton frère

À tous les jeunes héros qui ont pris des bateaux, qu’ils aient disparu pour toujours dans la mer d’Alborán ou qu’ils aient atteint les rives interdites et désirées, ces pages sont dédiées.

Marcelline Delbecq, Envolée

Quelles traces les lieux conservent-ils des évènements qui s’y sont déroulés ? Sous quelle forme le sol, les arbres, les bâtiments, gardent-ils quelque part en eux la non-concordance des temps qui s’y déroulent ? Qu’est-ce qu’un film tourné sans prévision d’être monté ni montré, aujourd’hui tombé dans le domaine public, conserve d’une mémoire familiale entière- ment évanouie ?


Amélie Lucas-Gary, Féticheuses

À dix, je pose l’index à la surface et j’ouvre les yeux sur la mer bleue. Trois fois, je recommence, trois fois, c’est ce qui arrive : le beau milieu de l’océan. Alors je fais tourner le globe les yeux ouverts et je vois passer le Bénin, le grand baobab dressé du sud vers le nord que dessinent ses frontières. La qualité du nom de ce pays, Bénin, m’apparaît pour la première fois : «inoffensif». Dans la vie, je cherche les lieux sûrs, les gens gentils, ce qui ne me tuera pas, et j’apprécie ce signe.

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