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Loo Hui Phang / L’imprudence / Actes Sud

Samedi 7 septembre apéro & dédicace en terrasse de 17h à 20h avec Loo Hui Phang pour fêter la sortie de L’imprudence aux éditions Actes Sud.

C’est une instinctive : elle observe, elle sent, elle saisit, elle invite, elle donne, elle jouit. Photographe, elle vit intensément, dans l’urgence de ses projets, de ses rêves, de ses désirs. Lorsque survient le décès de sa grand-mère au Laos, quitté à l’âge d’un an, elle prend l’avion pour Savannakhet, comme sa mère et son frère.
Là-bas, elle est étrangère. Pas tant en apparence qu’intimement : grandir en France lui a permis une indépendance, une liberté qui auraient été inconcevables pour une Vietnamienne du Laos. Son frère aîné brisé par l’exil peut-il comprendre cela ? Dans la maison natale, les objets ont une mémoire, le grand-père libère ses souvenirs, le récit familial se dévoile peu à peu. Plongée dans une histoire qui n’est pas la sienne, qui pourtant lui appartient, la jeune femme réapprend ce qu’elle est, comprend d’où elle vient et les différentes ardeurs qui la travaillent, qui l’animent.
Ce premier roman sensuel et audacieux, qui allie la délicatesse du style à l’acuité du regard, désigne la transgression des prophéties familiales comme une nécessité vitale et révèle le corps comme seul réel territoire de liberté

“Du Laos où je suis née, je ne garde aucun souvenir. Soucieux de me préserver, mes parents me parlaient avec parcimonie du pays perdu. J’envoyais lettres et dessins à des grands-parents que je ne connaissais pas. Des bribes d’histoires me parvenaient, échappées de conversations d’adultes, de photos rescapées. Mon enfance avançait, hantée de silences et de zones béantes, autant d’espaces disponibles pour construire ma propre mythologie.

L’Imprudence est un précipité, réaction de mon imaginaire frotté à mon histoire familiale. L’enfance et l’adolescence, maintenues sous une gangue de pudeur, de délicatesse mêlée de couardise, d’incompétence à déclencher l’aveu, furent infertiles en révélations. À l’âge adulte, j’organisais des conversations filmées avec mes parents, sorte d’interrogatoires bienveillants auxquels ils se prêtaient sans résistance. Les souvenirs qui m’étaient offerts avaient le tranchant de tesselles amoncelées, autant de petites masses aux contours définis, indépen­dantes les unes des autres. Il me manquait l’épaisseur du temps, un fluide dense qui les aurait nappées d’un ressac, d’un mouvement d’ensemble.

Il m’a semblé que ce temps qui leur faisait défaut pouvait être inventé, que je pouvais recréer une chronologie, fondre les tesselles dans une matière de fiction. À ce temps disparu serait substitué le temps de l’invention, de l’écri­ture.

Le flux que j’amorçais a emporté les récits ailleurs. Roulés par le courant, ceux-ci se sont déformés, érodés ou dotés d’excroissances. L’écriture, que j’ai toujours voulue instinctive et hasardeuse, a improvisé une forme qui se révélait malgré moi, par moi. Parce que je ne souhaitais pas plier les légendes familiales à des itinéraires préconçus, j’ai laissé venir. Ce qui s’est profilé tient à la fois de la fiction et du souvenir, un fantasme si sincère, enraciné si loin, qu’il me semble l’avoir vécu.”

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Victor Hussenot / Les Amoureux / La joie de lire

Vendredi 6 septembre à partir de 18h30 venez rencontrer Les beaux AMOUREUX de Victor Hussenot publié à La joie de lire.

Un album sans texte qui célèbre l’Amour avec un grand A. En rouge et bleu, au stylo bille, comme les précédents ouvrages de Victor Hussenot, cet album raconte l’histoire de deux amoureux, une fille en rouge et un garçon en bleu, qui inventent leur quotidien, leur vie à deux, dessinent leurs envies, leurs jeux, leur univers et se soutiennent l’un l’autre. Bien sûr il y a des fâcheries, des colères, mais l’amour est toujours le plus fort. Un livre gai, frais, vivant, sur l’amour comme un jeu, comme une évidence… Beau et sensible, un album à offrir à tous les amoureux de tous les âges !

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Yancouba Diémé / Boy Diola / Rencontre

Jeudi 5 septembre à 19h,rencontre avec Yancouba Diémé à l’occasion de la publication de Boy Diola aux éditions Flammarion.

Rencontre animée par Omar Benlaâla

« Boy Diola », c’est ainsi qu’on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c’est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t’es rendu au port jusqu’à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. L’arrivée à Marseille, l’installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d’ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.

Odyssée depuis le fin fond de l’Afrique jusqu’aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l’on n’entend pas.

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Alban Lefranc et Arno Calleja / Rencontre

Mercredi 4 septembre à 19h, rencontre avec Alban Lefranc à l’occasion de la publication de L’homme qui brûle aux éditions Rivages et Arno Calleja à l’occasion de la publication d’Un titre simple aux éditions Vanloo.

Rencontre animée par Florian Caschera

L’homme qui brûle d’Alban Lefranc, éditions Rivages

“Nous ne vivons plus dans une époque, mais dans un délai.”
Luc Jardie voudrait réunir dans un seul livre toutes ses obsessions : Thomas Münzer, révolutionnaire et théologien, Alain Delon, le porno californien, l’apocalypse et sa mère. Mais le monde autour de lui glisse dans le chaos, et la figure de la mère, terrifiante et comique, menace d’absorber toutes les autres…
Dans cette fable romanesque à l’humour incisif et au style incandescent, Alban Lefranc retrace les efforts désespérés d’un homme pour s’affranchir du poids du passé et survivre à l’enfer du monde contemporain.

Un titre simple d’Arno Calleja, éditions Vanloo

Chaque matin, un garçon tient son journal. C’est un journal d’écriture, un journal impersonnel. Le garçon est sans titre, sans identité. Son désir : sortir du programme, se perdre dans les images, flotter dans un présent continu. Violente, l’écriture de ce journal retient mal les dates, et à peine les faits.

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Aurore Lachaux / Compléments du non / Rencontre

Mardi 3 septembre à 19h, rencontre avec Aurore Lachaux à l’occasion de la publication de Compléments du non au Mercure de France.

Parler, mais parler de quoi au juste avec son père? Parler de politique, du travail, voilà ce qui nous a occupés à l’âge adulte. Parler de nous frontalement était impossible. Là où nous pouvions nous rejoindre c’était sur une conception commune du travail, enfin du vivant un peu, des humains dans les relations qu’ils nouent avec les autres et qui les occupent quand même à peu près dix heures par jour.

À la mort de son père, la narratrice retourne sur les lieux qui les ont fabriqués tous deux : maisons d’enfance, travail. Occasion pour elle d’interroger le parcours de cet ingénieur dans l’aéronautique licencié à la fin des années 80 et réaffecté à un emploi de bureau. À travers son expérience, la narratrice aura assisté à un changement fondamental : le remplacement des savoir-faire techniques par les techniques de management…
Marchant dans les pas de son père, la narratrice est la légataire d’une mémoire et d’une colère de
classe.

Traitant du monde du travail de manière frontale, Aurore Lachaux nous propose un premier roman percutant, émouvant et drôle.

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Hélène Gaudy / Un monde sans rivage / Actes sud / Rencontre

Jeudi 29 août à 19h, rencontre avec Hélène Gaudy à l’occasion de la publication de Un monde sans rivages aux éditions Actes Sud. La rencontre sera animée par Frédéric Fiolof.

Une expédition en 1897, des hommes portés disparus, et trente trois ans plus tard la découverte de leurs corps, des restes de leur campement et surtout de rouleaux de pellicules.

De ce fait historique Hélène tire un roman d’une incroyable force et parvient, par la grâce de sa langue, à nous plonger dans l’aventure de l’exploration du Grand Nord. Elle réussit aussi un incroyable travail d’historienne, de poète et de romancière, à partir de documents d’archives. On sort de là avec la musique d’une langue, des images de paysages fascinants d’une lumière aveuglante, le sentiment d’avoir entrevu ce que pouvait être une expédition au début du siècle, et cette réflexion sur le souvenir et ce que la photographie fait à tout ça.

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À l’été 1930, sur l’île Blanche, la plus reculée de l’archipel du Svalbard, une exceptionnelle fonte des glaces dévoile des corps et les restes d’un campement de fortune. Ainsi se résout un mystère en suspens depuis trente-trois ans : en 1897, Salomon August Andrée, Knut Frænkel et Nils Strindberg s’élevaient dans les airs, déterminés à atteindre le pôle Nord en ballon – et disparaissaient. Parmi les vestiges, on exhume des rouleaux de pellicule abîmés qui vont miraculeusement devenir des images.
À partir de ces photographies au noir et blanc lunaire et du journal de bord de l’expédition, Hélène Gaudy imagine la grande aventure d’un envol et d’une errance. Ces trois hommes seuls sur la banquise, très moyennement préparés, ballottés par un paysage mobile, tenaillés jusqu’à l’absurde par la joie de la découverte et l’ambition de la postérité, incarnent l’insatiable curiosité humaine qui pousse à parcourir, décrire, circonscrire et finalement rétrécir le monde. Livre d’une richesse inépuisable, aussi poétique que passionnant, Un monde sans rivage propose un voyage opiniâtre dans les étendues blanches du Grand Nord, un périple à travers le temps en compagnie de ces trois explorateurs et de bien d’autres intrépides, une méditation sur l’effacement et une déclaration d’amour à la photographie dans ses deux mouvements d’aval et d’amont : fixer les souvenirs et réactiver perpétuellement la machine à rêves.

“Le premier désir est venu d’une série d’images retrouvées sur l’île la plus proche du pôle Nord : trois explorateurs littéralement tombés du ciel dérivent avec la banquise. À travers l’épaisseur du temps, ils nous dévisagent. Si toute photo­graphie est l’empreinte d’un corps traversé par la lumière, celles-ci, qui ont si longtemps séjourné dans la glace, sont aussi la trace directe, physique, d’un paysage. Elles me happent par leur présence spectrale, leurs zones d’ombre qui sont déjà le début d’un roman.
Quelque chose semble me relier à ces explo­rateurs de la fin du xixe siècle, en quête d’un Nord magnétique et fragile, dont je ne distingue encore que les silhouettes mangées par la lumière. Il faut creuser à travers le minimum visible, faire de l’écriture un révélateur pour dévoiler peu à peu leurs visages, leurs espoirs, leurs amours et leurs mensonges, leur curiosité insatiable et leur amateurisme héroïque jusqu’à la poésie, il faut chercher les sensations communes, partager ce qui les maintient en vie, en faire des compagnons – peu à peu, des personnages. Du soleil de minuit à la complète nuit polaire, tenter d’éclairer l’énigme de leur disparition.
En suivant leur marche sur la glace, on croise d’autres tentatives d’élargir le monde au risque de se faire avaler par ses marges. Leur parcours devient une ligne de faille dont partent des embranchements multiples, qui finiront par me mener jusqu’à l’archipel du Svalbard, au seuil de ce Grand Nord qui, lui aussi, s’évanouit.
Certaines histoires poussent à partir loin avant de revenir au plus proche, au plus intime. Les traces de ces trois hommes réveillent peu à peu le manque de ceux qui partent et des lieux dont on rêve, le souvenir d’un temps où l’on croyait encore à la nécessité de l’aventure et à la permanence des paysages. Et la fascination se mue en écriture, et l’image entraîne le roman.’’